Malgré une année négative, l’optimisme est de mise chez les professionnels du béton prêt à l’emploi (BPE). «Ce n’est pas une année catastrophique, en dépit du repli des ventes. Le chiffre d’affaires réalisé durant l’année 2018 est estimé à 2,5 milliards de DH HT», tient à préciser Mohammed Khalid Lahlou, président de l’Association marocaine des producteurs de béton prêt à l’emploi (AMBPE) qui représente environ 80% des opérateurs.
Les professionnels misent sur une relance dès 2019. Plusieurs signaux sont déjà visibles. «C’est la commande publique qui sauvera la mise», confie un dirigeant d’une entreprise BTP. De nombreux chantiers ont été attribués depuis novembre dernier (ONEE, OCP, CGI, Al Omrane, ministères…) et qui vont démarrer bientôt. «Nous attendons également des signaux de la part du secteur privé, surtout auprès des promoteurs immobiliers», souligne un autre opérateur.
Le taux de pénétration du BPE reste faible. Il se situe à 13% actuellement contre 1,5% en 1994 (https://www.leconomiste.com/article/batiment-le-bpe-veut-briser-les-resi…). A titre de comparaison, ce taux se développe de manière rapide en France, passant de 15% en 1970 à 60% en 2017.
Par ailleurs, la consommation par habitant s’élève à 0,2 m3 contre 0,5 m3 en France et 1,4 m3 en Turquie. Ceci démontre la marge de progression possible du BPE. Pour renverser la tendance, les professionnels réunis au sein de l’AMBPE se sont restructurés pour mieux répondre au besoin du marché. Les entreprises misent davantage sur l’innovation et la qualité. De nouveaux investissements dans les produits en béton sont dans le pipe. Ils seront annoncés prochainement.
Pour booster les ventes, l’AMBPE a lancé un plan d’action intégrant l’échange avec les prescripteurs et les consommateurs finaux (auto-constructeurs et promoteurs immobiliers) pour un meilleur choix du béton. Plusieurs actions ont été engagées dont l’organisation de deux tables rondes en marge du salon SIB pour échanger avec les différents acteurs du BTP et de l’immobilier.
Côté formation, l’AMBPE a lancé le Massive Open Online Courses (MOOC béton). Des vidéos de vulgarisation créées en association avec la startup Welearn ainsi que d’autres fournisseurs de matériaux et de solutions à destination des prescripteurs.
Reste que les contraintes à dépasser sont énormes. Plusieurs pistes sont proposées par la profession. Comme le renforcement du contrôle des résistances des bétons livrés sur chantiers par les laboratoires ainsi que des spécifications de la norme concernant la durabilité.
Les opérateurs appellent également à mettre à jour les cahiers des prescriptions spéciales (CPS) pour intégrer le respect de la norme marocaine du béton qui est obligatoire. Ils proposent l’arrêt de l’obligation des entreprises qualifiées de classes supérieures de disposer de centrales à béton dans leurs parcs.
Autre doléance: la facilitation d’installation des centrales à béton, pour les industriels, en périphérie des centres urbains. Les opérateurs insistent également sur la vulgarisation des dispositions de la norme béton auprès des prescripteurs clés, à savoir les promoteurs, les BET, les architectes, les bureaux de contrôle ou encore les assurances.